Article écrit par Gilles SABART, dans Acteurs de l’économie, La Tribune, en 2016
La gestion de crise est une matière multi-disciplinaire qui conduit à la prévention et à l’intégration d’expertises comme la psychologie, le droit et la sociologie. La question de la formation est dans ses buts clivante.
Alors que certains considèrent que la formation doit être orientée de manière directe et entière vers un emploi identifié, d’autres soutiennent que former permet de donner des cartes pour s’adapter aux enjeux des emplois présents ou futurs. La vérité est certainement entre les deux.
Il faut toutefois se poser la question de la formation et de son apport à l’innovation par deux aspects :
1- dans nos pays occidentaux, l’innovation est l’outil qui nous permet de faire la différence dans la mondialisation. Elle est surtout fondée sur ces sciences de l’ingénieur et nos écoles sont dans les meilleures mondiales. En effet, quand on parle d’innovation, on pense très souvent à l’innovation par l’apport des sciences dîtes « dures » : chimie, physique, mathématiques, génie civil, mécanique, informatique… –
2 – Le second aspect de l’innovation serait le modèle Silicon Valley, cette alchimie entre écoles, start-up et territoires organisé en filières comme le sont les pôles de compétitivité français. En effet, l’innovation pour fonctionner a besoin de fertilisation croisée avec toutes les ressources du territoire.
De ces deux aspects, la question de fond qui se pose est la suivante : quid dans nos processus d’innovation, dans nos formations des autres matières, des sciences dîtes molles : droit, psychologie, anthropologie, sociologie, sciences politiques ?
Les enjeux sont pourtant énormes.
En amont, elles sont le moteur qui permet d’agréger les initiatives, de les mobiliser, de faire travailler ensemble des profils différents.
En aval, elles procurent de l’efficacité : peut-on aujourd’hui affirmer que l’on ne tient pas compte des impacts d’une usine chimique, et de ses effets sur l’acceptabilité de la population ?
Peut-on dire aujourd’hui que le sentiment d’insécurité a disparu dans des tas de domaines, cette perception doit-elle rester dans un champ de l’irrationnel, n’existe-t-il pas des outils pour la combattre ?
Peut-on dire aujourd’hui que la sur-information du WEB ne changerait pas nos modes de consommation ?
Le modèle Apple
Le modèle Apple n’est pas technologique (il n’a pas de supériorité sur ses concurrents), il est psychologique : procurer un bien dont le service est d’interfacer la technologie avec la psychologie du consommateur, de lui rendre la technologie plus facile et utile.
Il est même anthropologique : procurer un bien qui permette au consommateur d’atteindre ses différents univers, de les nourrir dans sa vie mobile.
Il est sociologique : permettre de constituer des modes de fonctionnement de groupe.
Il est juridique : le droit à l’image, à sa vie privée se pose fortement.
En bref, former participe à la création d’une culture de l’innovation, une capacité à donner aux entreprises, aux institutions des outils de progrès économiques ou sociaux mais à condition que innovation et formation soient en mode ouvert sur leur environnement extérieur et qu’elles organisent la relation entre sciences dures et dîtes molles. N’est-ce pas le meilleur moyen de se procurer un avantage ? concurrentiel ?